Au cœur du Lot, à quelques minutes de Cahors, se dresse un témoin majestueux de notre patrimoine architectural français : un manoir du XVIe siècle alliant authenticité et raffinement. Cette demeure d'exception de 350 m² nichée dans un parc arboré de 1,5 hectare représente bien plus qu'une simple propriété de prestige. Elle incarne l'art de vivre à la française, où chaque pierre, chaque poutre et chaque ornement raconte une histoire séculaire. Les manoirs français, ces demeures de caractère situées entre le château seigneurial et la maison bourgeoise, constituent un pan essentiel de notre héritage culturel et architectural. Leurs caractéristiques distinctives - escaliers monumentaux, pièces voûtées, cheminées d'époque - témoignent d'un savoir-faire ancestral et d'une élégance intemporelle.
Histoire et patrimoine architectural d'un manoir français
Le manoir français constitue un chapitre fascinant de notre histoire architecturale. Né à la Renaissance, il représentait alors un symbole de pouvoir pour la petite noblesse et la bourgeoisie montante. Contrairement aux châteaux fortifiés médiévaux, ces demeures privilégiaient le confort et l'esthétisme tout en conservant certains attributs défensifs. L'exemplaire qui nous intéresse, édifié au XVIe siècle dans la région de Cahors, illustre parfaitement cette transition vers une architecture plus résidentielle.
L'histoire de ce manoir quercynois s'inscrit dans celle d'une région riche en patrimoine. Le Lot, avec ses multiples influences culturelles - romaine, médiévale, Renaissance - a façonné une identité architecturale unique. Les guerres de Religion et la prospérité du commerce des vins de Cahors ont particulièrement marqué l'évolution des demeures seigneuriales de la région. Ce manoir témoigne de cette période faste où l'expression architecturale pouvait enfin s'affranchir des contraintes purement défensives pour embrasser une dimension esthétique.
Un élément remarquable de cette demeure est son escalier Renaissance voûté. Véritable prouesse technique pour l'époque, il constitue l'âme du bâtiment autour duquel s'articulent les différents niveaux. Sa mise en valeur lors des rénovations récentes souligne l'importance de préserver ce patrimoine exceptionnel. Avec ses marches en pierre usées par le temps et ses voûtes en ogive, cet escalier raconte à lui seul plusieurs siècles d'histoire.
Les pièces voûtées du rez-de-chaussée représentent un autre trait caractéristique de l'architecture manoriale du XVIe siècle. Ces espaces, souvent destinés aux fonctions domestiques et de stockage, offrent aujourd'hui un cachet incomparable. La technique de construction employée - des arcs en plein cintre supportant une voûte en pierre - témoigne d'un savoir-faire aujourd'hui largement disparu, que seuls quelques artisans spécialisés dans la restauration du patrimoine maîtrisent encore.
L'architecture d'un manoir ne se résume pas à une simple construction. Elle est l'expression matérielle d'une époque, d'un art de vivre et d'un rapport au monde. Chaque élément architectural raconte une histoire et participe à la transmission d'un héritage culturel inestimable.
Caractéristiques distinctives des manoirs de l'époque néoclassique
Bien que notre manoir soit né à la Renaissance, certains de ses éléments architecturaux témoignent d'influences néoclassiques, fruit de rénovations ultérieures. Cette superposition de styles constitue l'une des richesses de ce type de demeure. L'époque néoclassique, qui s'étend approximativement de la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, a profondément marqué l'architecture manoriale française. Elle se distingue notamment par un retour aux formes et principes de l'Antiquité gréco-romaine : symétrie, proportions harmonieuses, ordres architecturaux codifiés.
Le salon de 58 m² de notre manoir illustre parfaitement cette influence avec ses proportions équilibrées et son agencement symétrique. Sa cheminée monumentale, élément central de la pièce, combine la fonctionnalité traditionnelle et l'esthétique néoclassique. Le système Polyflam qui y a été intégré représente une adaptation moderne qui respecte l'authenticité du lieu tout en répondant aux exigences contemporaines de confort et d'économie d'énergie.
L'agencement des espaces dans un manoir néoclassique obéit à des principes de hiérarchisation et de circulation bien définis. La distribution des pièces n'est jamais laissée au hasard : elle reflète une vision ordonnée du monde et des rapports sociaux. Dans notre demeure, cette organisation se manifeste par une séparation claire entre les espaces de réception (le salon, la salle à manger) et les espaces plus intimes (chambres, cabinet de travail) répartis sur les étages supérieurs.
Les tourelles et échauguettes : marqueurs d'un passé seigneurial
Les tourelles et échauguettes constituent des éléments distinctifs des manoirs ayant conservé une influence médiévale. Ces structures verticales, généralement placées aux angles de la construction, témoignent d'un héritage défensif tout en apportant une dimension esthétique indéniable. Dans notre manoir, bien que la fonction défensive ait disparu, ces éléments architecturaux participent à son caractère pittoresque et à son ancrage historique.
Les tourelles se distinguent des simples tours par leurs dimensions plus modestes et leur intégration harmonieuse à la structure principale. Souvent coiffées d'une toiture conique en ardoise ou en tuiles, elles abritent fréquemment un escalier en colimaçon permettant d'accéder aux étages. Leur présence rappelle le statut social originel des propriétaires, à une époque où l'architecture domestique reflétait directement la position dans la hiérarchie sociale.
Quant aux échauguettes, ces petites structures en encorbellement, elles ajoutent une touche de pittoresque à la silhouette du manoir. Originellement conçues comme postes d'observation et de défense, elles se sont progressivement transformées en éléments décoratifs. Leur présence dans l'architecture manoriale souligne la persistance des traditions médiévales dans la culture française, même à l'époque de la Renaissance et au-delà.
Techniques de maçonnerie ancestrales du XVIIIe siècle
La maçonnerie du XVIIIe siècle, période à laquelle notre manoir a probablement connu d'importantes rénovations, se caractérise par une précision et une finesse d'exécution remarquables. L'utilisation de la pierre de taille, taillée sur mesure et appareillée avec une grande rigueur, témoigne d'un niveau de maîtrise technique élevé. Ces pierres, extraites de carrières locales, présentent souvent une patine unique qui contribue au charme et à l'authenticité de l'édifice.
La technique du mur à la française , fréquemment employée dans les constructions de prestige de cette époque, consiste à ériger deux parements en pierre de taille reliés par un blocage interne. Cette méthode assure à la fois solidité structurelle et finesse esthétique. Les joints, réalisés à la chaux naturelle, permettent au mur de "respirer", évitant ainsi les problèmes d'humidité qui affectent souvent les constructions modernes.
Les encadrements de fenêtres et de portes révèlent également le savoir-faire des maçons du XVIIIe siècle. Taillés avec une précision remarquable, ils comportent souvent des moulures et des ornements sculptés qui enrichissent la façade. Dans notre manoir, ces éléments contribuent à la lecture historique du bâtiment et témoignent des différentes phases de construction et de rénovation qu'il a connues au fil des siècles.
Boiseries et moulures louis XV : l'art du détail
Les boiseries constituent l'un des éléments les plus raffinés de l'architecture intérieure des manoirs français. Le style Louis XV, qui se développe principalement dans la première moitié du XVIIIe siècle, se caractérise par ses lignes courbes, ses motifs asymétriques et son exubérance décorative. Dans le manoir qui nous intéresse, les boiseries d'époque participent activement à l'atmosphère chaleureuse et élégante des pièces de réception.
Les lambris, généralement réalisés en chêne ou en noyer, habillent les murs jusqu'à mi-hauteur ou sur toute leur hauteur selon l'importance de la pièce. Ils remplissent une fonction à la fois décorative et pratique, apportant une isolation thermique appréciable dans ces demeures anciennes. Leur ornementation - coquilles, rinceaux, guirlandes de fleurs - témoigne d'un art du détail poussé à son paroxysme.
Les moulures Louis XV, avec leurs profils sinueux et leurs compositions dynamiques, créent un jeu d'ombre et de lumière qui anime les surfaces. Cette recherche d'effets visuels sophistiqués contraste avec la rigueur géométrique des styles précédents. Dans notre manoir, ces moulures encadrent élégamment portes, fenêtres et cheminées, contribuant à la cohérence stylistique de l'ensemble tout en marquant la hiérarchie des espaces.
Ferronneries et balustrades forgées à la main
L'art de la ferronnerie atteint des sommets au XVIIIe siècle, et notre manoir en présente de beaux exemples. Les rampes d'escalier, les garde-corps de balcons et les grilles d'entrée constituent autant d'occasions pour les artisans ferroniers de démontrer leur virtuosité technique et leur sensibilité artistique. Ces ouvrages en fer forgé allient robustesse structurelle et légèreté visuelle, créant un contraste saisissant avec la massivité de la pierre.
Les motifs décoratifs des ferronneries évoluent avec les styles architecturaux. La période Louis XV privilégie les formes asymétriques inspirées de la nature - feuillages, fleurs, coquilles - tandis que le style Louis XVI qui lui succède marque un retour vers des compositions plus géométriques et ordonnées. Cette évolution stylistique permet souvent de dater précisément les différentes phases de construction ou de rénovation d'un manoir.
La technique du fer forgé à chaud, employée pour ces ouvrages, exige un savoir-faire particulier que peu d'artisans maîtrisent encore aujourd'hui. Le métal, chauffé à blanc dans la forge, devient malléable et peut alors être façonné au marteau sur l'enclume. Ce travail manuel confère à chaque pièce un caractère unique, avec de subtiles irrégularités qui témoignent de l'intervention humaine et contribuent au charme artisanal de ces éléments architecturaux.
Restauration et préservation d'un joyau architectural
La restauration d'un manoir historique représente un défi majeur qui requiert expertise, patience et respect du patrimoine. Dans le cas de notre demeure du XVIe siècle, les travaux de rénovation ont visé à préserver l'authenticité du lieu tout en l'adaptant aux exigences contemporaines de confort. Cette démarche s'inscrit dans une philosophie de conservation active, où la fonctionnalité actuelle du bâtiment garantit sa pérennité.
L'escalier Renaissance voûté, joyau architectural de cette propriété, a fait l'objet d'une attention particulière lors des rénovations. Sa mise en valeur a nécessité un travail minutieux de nettoyage et de restauration des pierres, parfois dégradées par le temps ou des interventions antérieures inadaptées. Les méthodes employées - utilisation de mortiers à la chaux, techniques de taille de pierre traditionnelles - s'inscrivent dans le respect des savoir-faire d'origine.
La modernisation des installations techniques constitue un autre aspect crucial de la restauration. L'intégration discrète du système de chauffage Polyflam dans la cheminée du salon illustre parfaitement cette recherche d'équilibre entre respect de l'authenticité et adaptation aux standards contemporains. De même, la réfection complète des réseaux électriques et de plomberie a été réalisée avec le souci constant de minimiser l'impact visuel sur l'architecture historique.
Méthodes de rénovation respectueuses du patrimoine selon les standards monuments historiques
Bien que notre manoir ne soit pas classé au titre des Monuments Historiques, les méthodologies de restauration mises en œuvre s'inspirent directement des principes rigoureux appliqués aux édifices protégés. Cette approche garantit le respect de l'intégrité historique et architecturale du bâtiment. Le principe fondamental consiste à privilégier la conservation des éléments d'origine plutôt que leur remplacement, et à n'intervenir que lorsque c'est strictement nécessaire.
Le diagnostic préalable constitue une étape essentielle de toute restauration respectueuse. Il s'agit d'identifier précisément la nature des matériaux d'origine, les différentes phases de construction, les pathologies structurelles et leurs causes. Dans notre manoir, cette analyse approfondie a permis d'adopter des solutions adaptées à chaque problématique spécifique, évitant ainsi les interventions standardisées qui dénatureraient le caractère unique du lieu.
La réversibilité des interventions représente un autre principe fondamental des restaurations patrimoniales. Les techniques et matériaux employés doivent permettre, si nécessaire, un retour à l'état antérieur sans dommage pour la structure d'origine. Cette approche prudente garantit que les restaurations actuelles ne compromettront pas d'éventuelles interventions futures, guidées par des connaissances ou des techniques encore plus perfectionnées.
Utilisation des matériaux nobles d'origine : pierre de taille, chêne massif et ardoise de trélazé
Le choix des matériaux constitue un enjeu crucial dans la restauration d'un manoir historique. L'utilisation de matériaux identiques ou similaires à ceux d'origine assure la cohérence visuelle et la compatibilité technique des parties restaurées avec la structure existante. Pour notre demeure, la pierre calcaire locale a été privilégiée pour les réparations de maçonnerie, garantissant ainsi une parfaite harmonie chromatique et une réaction similaire aux variations climatiques.
Le chêne massif, essence traditionnellement employ
Le chêne massif, essence traditionnellement employée dans les demeures nobles pour sa durabilité et sa beauté, a été utilisé pour la restauration des boiseries, planchers et charpentes. Sa résistance légendaire aux insectes xylophages et sa capacité à se patiner avec le temps en font un matériau de choix pour les restaurations patrimoniales. Les techniques d'assemblage traditionnelles - tenons et mortaises, queues d'aronde - ont été fidèlement reproduites par les artisans chargés de la restauration.
L'ardoise de Trélazé, extraite des célèbres carrières du Maine-et-Loire, couronne les toitures du manoir et de ses dépendances. Reconnue pour sa finesse, sa régularité et sa teinte bleu-noir caractéristique, cette ardoise naturelle offre une protection optimale contre les intempéries tout en s'inscrivant dans la tradition architecturale française. Sa pose "à pureau décroissant" - avec des ardoises plus grandes en bas du toit et progressivement plus petites vers le faîtage - témoigne d'un savoir-faire ancestral parfaitement maîtrisé.
Collaboration avec les compagnons du devoir pour les finitions artisanales
La restauration de ce manoir d'exception a bénéficié de l'expertise inégalée des Compagnons du Devoir, dépositaires de techniques artisanales séculaires. Cette institution française, dont les origines remontent au Moyen Âge, perpétue les savoir-faire traditionnels à travers un système d'apprentissage rigoureux basé sur le compagnonnage. Leur intervention garantit une qualité d'exécution exceptionnelle, particulièrement pour les éléments décoratifs qui exigent une grande finesse de réalisation.
Les travaux de menuiserie fine ont particulièrement bénéficié de cette collaboration. Les Compagnons ont restauré ou recréé à l'identique les éléments de boiserie endommagés, en respectant scrupuleusement les techniques et motifs d'origine. Chaque moulure, chaque sculpture a fait l'objet d'une attention minutieuse, avec parfois plusieurs centaines d'heures de travail pour un seul élément décoratif. Cette patience et ce perfectionnisme sont la marque distinctive des interventions des Compagnons.
Pour les ferronneries, l'expertise des Compagnons serruriers s'est avérée précieuse. La restauration des pentures, serrures et éléments décoratifs en fer forgé a nécessité la maîtrise de techniques ancestrales comme la forge à charbon, le martelage à chaud et la trempe. Ces méthodes, aujourd'hui rarement pratiquées en dehors du cercle restreint des artisans spécialisés dans le patrimoine, permettent d'obtenir des résultats d'une authenticité irréprochable.
Défis techniques spécifiques à la restauration des charpentes à la philibert delorme
La charpente de notre manoir présente des caractéristiques inspirées de la technique développée par Philibert Delorme, célèbre architecte français du XVIe siècle. Cette méthode révolutionnaire pour l'époque consiste à assembler de petites pièces de bois en arcs superposés, permettant de couvrir de vastes espaces sans nécessiter d'imposantes poutres en bois de grande portée. Sa restauration a constitué l'un des défis majeurs du chantier, exigeant à la fois connaissances historiques approfondies et maîtrise technique exceptionnelle.
L'analyse préalable de la structure a révélé plusieurs pathologies courantes dans ce type de charpente : infiltrations ponctuelles ayant entraîné le pourrissement de certains éléments, attaques d'insectes xylophages affaiblissant localement la résistance du bois, et déformations progressives dues aux charges et aux mouvements naturels du bâtiment. Pour chaque problème identifié, une solution spécifique a été élaborée, privilégiant systématiquement la conservation des éléments d'origine lorsque leur état le permettait.
La technique du greffage a été largement employée pour réparer les pièces de bois partiellement dégradées. Elle consiste à ne remplacer que la partie endommagée, en réalisant un assemblage solide avec la partie saine conservée. Cette approche minimise les interventions et préserve au maximum le matériau historique. Pour les assemblages, des colles réversibles et des chevilles en bois ont été préférées aux fixations métalliques modernes, garantissant ainsi la compatibilité avec les matériaux d'origine et la pérennité des restaurations.
Aménagements intérieurs conjuguant authenticité et modernité
L'aménagement intérieur du manoir illustre parfaitement l'art délicat de concilier respect du patrimoine et exigences contemporaines. Chaque pièce a été pensée pour offrir un confort optimal tout en préservant l'atmosphère unique d'une demeure historique. Cette approche équilibrée se manifeste à travers des choix judicieux de matériaux, de couleurs et d'équipements qui dialoguent harmonieusement avec l'architecture d'origine.
Au rez-de-chaussée, le vaste salon de 58 m² constitue un exemple remarquable de cette philosophie. Les boiseries d'époque soigneusement restaurées cohabitent avec un système d'éclairage indirect contemporain qui met en valeur les volumes et les textures sans dénaturer l'espace. Le système Polyflam intégré à la cheminée d'origine permet de bénéficier d'un chauffage efficace et économique tout en préservant le plaisir visuel d'un feu de cheminée traditionnel.
La cuisine de 23 m² allie fonctionnalité moderne et charme rustique. Les équipements haut de gamme - four à vapeur, plaque à induction, réfrigérateur américain - s'intègrent discrètement dans un environnement qui conserve son caractère authentique grâce à des matériaux nobles comme la pierre locale pour les plans de travail et le chêne massif pour les meubles. Cette pièce, autrefois strictement utilitaire, est devenue un espace convivial où tradition culinaire française et technologies contemporaines se rencontrent.
À l'étage, la suite parentale témoigne d'une recherche poussée de confort et d'intimité. Ses 23 m² offrent un espace généreux, complété par une salle d'eau attenante de 14 m² équipée selon les standards actuels. L'isolation phonique et thermique a fait l'objet d'attentions particulières, avec l'utilisation de techniques respectueuses du bâti ancien comme l'isolation par panneaux de chanvre et chaux. Ce matériau biosourcé assure une régulation naturelle de l'hygrométrie tout en préservant la respirabilité des murs anciens.
L'art de la restauration ne consiste pas à figer le patrimoine dans le passé, mais à lui permettre d'évoluer harmonieusement pour répondre aux besoins des générations actuelles et futures, tout en préservant son âme et son authenticité.
Les trois autres chambres et le bureau qui complètent ce niveau ont bénéficié du même soin dans l'agencement et la décoration. Chaque pièce possède sa propre personnalité, avec des coloris et des ambiances inspirés des différentes périodes qu'a traversées le manoir. Cette diversité contrôlée crée une progression intéressante lors de la découverte des espaces, tout en maintenant une cohérence d'ensemble grâce à la répétition de certains éléments architecturaux et décoratifs.
Le demi-niveau supérieur, qui abrite une spacieuse salle d'eau de 14 m², illustre comment les contraintes architecturales peuvent se transformer en atouts esthétiques. Cette configuration atypique a permis la création d'un espace balnéo exceptionnel, où une baignoire en fonte émaillée d'époque côtoie une douche à l'italienne contemporaine. Les différences de niveaux, soulignées par un éclairage étudié, confèrent à cet espace une atmosphère unique entre intimité et ouverture.
Jardins à la française et parc arboré centenaire
Le domaine extérieur de 1,5 hectare qui entoure le manoir constitue un écrin de verdure exceptionnel, témoin de l'art des jardins français à travers les siècles. L'aménagement paysager combine plusieurs influences, avec une prédominance du style à la française dans les abords immédiats de la demeure, puis une transition progressive vers un parc romantique aux allures plus naturelles. Cette composition savante offre une succession de tableaux paysagers qui varient au fil des saisons et des perspectives.
La piscine récemment rénovée s'intègre discrètement dans cet ensemble historique. Nichée à l'arrière du manoir, elle est entourée de margelles en ardoise qui rappellent les toitures du domaine, créant ainsi une continuité visuelle subtile. Le pool house, conçu dans un style qui s'harmonise avec l'architecture principale tout en affirmant sa contemporanéité, offre un espace ombragé idéal pour les chaudes journées d'été lotoise.
Conception selon les principes d'andré le nôtre : symétrie et perspectives
La partie formelle des jardins s'inspire directement des principes développés par André Le Nôtre, jardinier du roi Louis XIV et créateur des jardins de Versailles. Bien que de dimensions plus modestes que les réalisations royales, cet espace paysager reprend les caractéristiques essentielles du style Le Nôtre : axialité, symétrie, perspectives maîtrisées et hiérarchisation des espaces. L'allée principale, bordée de buis taillés en topiaire, conduit le regard vers un point focal soigneusement étudié, créant ainsi une impression d'ampleur et d'ordonnancement.
Les parterres géométriques qui encadrent cette allée suivent un dessin régulier souligné par des bordures de buis. Leur composition florale respecte les traditions du jardin à la française avec des plantations monochromiques ou des associations de couleurs soigneusement équilibrées. Au printemps et en été, ces espaces s'animent d'une palette chromatique subtile, avec une prédominance des bleus, blancs et pourpres qui s'harmonisent parfaitement avec les tonalités de la pierre locale.
Le système hydraulique qui alimente les bassins et fontaines a été entièrement repensé lors de la restauration, conciliant respect des principes historiques et préoccupations écologiques contemporaines. Un système de récupération des eaux pluviales permet désormais d'alimenter les jeux d'eau sans gaspillage, tandis que la circulation est assurée par des pompes à énergie solaire discrètement intégrées au paysage. Cette approche durable s'inscrit dans une vision responsable de la gestion du patrimoine historique.
Essences rares et arbres remarquables : séquoias, cèdres du liban et tilleuls de hollande
Le parc qui entoure le manoir abrite plusieurs spécimens arboricoles exceptionnels, véritables témoins vivants de l'histoire du domaine. Certains de ces arbres centenaires ont été plantés au XIXe siècle, époque où l'introduction d'essences exotiques était particulièrement prisée par les propriétaires de domaines prestigieux. Ces géants végétaux constituent aujourd'hui un patrimoine naturel inestimable, qui contribue grandement à l'atmosphère unique du lieu.
Parmi les spécimens les plus remarquables figure un séquoia géant dont la circonférence dépasse les six mètres. Cet arbre majestueux, probablement planté vers 1860 après l'introduction de l'espèce en Europe, domine le paysage de sa silhouette caractéristique. Sa présence témoigne du goût des propriétaires de l'époque pour les curiosités botaniques venues du Nouveau Monde, et constitue aujourd'hui un repère visuel important dans la composition paysagère du domaine.
Les cèdres du Liban, avec leur port tabulaire si particulier, ponctuent élégamment les perspectives du parc. Ces conifères majestueux, symboles de pérennité et de sagesse dans de nombreuses cultures, créent des zones d'ombre appréciables pendant les chaudes journées d'été. Leur silhouette reconnaissable entre toutes apporte une touche d'exotisme orientalisant qui était particulièrement recherchée dans les jardins paysagers du XIXe siècle.
L'alignement de tilleuls de Hollande qui borde l'allée principale constitue un autre élément remarquable du patrimoine arboré. Ces arbres, taillés en rideau selon une technique traditionnelle française, forment une voûte végétale impressionnante qui structure l'espace et guide naturellement le visiteur vers l'entrée du manoir. Leur floraison parfumée en début d'été ajoute une dimension sensorielle à l'expérience du lieu, rappelant l'importance des jardins comme espaces de délectation pour tous les sens.
Bassins et fontaines en pierre calcaire du val de loire
Les éléments hydrauliques du jardin constituent des points focaux essentiels dans la composition paysagère. Le bassin principal, situé dans l'axe de l'allée centrale, présente une forme octogonale caractéristique de l'art des jardins classiques français. Taillé dans la pierre calcaire du Val de Loire, reconnue pour sa finesse et sa résistance aux intempéries, il arbore une patine dorée qui témoigne de ses deux siècles d'existence et s'harmonise parfaitement avec les façades du manoir.
La fontaine centrale qui anime ce bassin a été reconstituée d'après des documents d'archives et des vestiges retrouvés lors des travaux de restauration. Son dessin, inspiré de motifs mythologiques marins, s'inscrit dans la tradition décorative des jardins aristocratiques français. Le jeu d'eau qu'elle produit est volontairement modeste, créant un bruissement apaisant plutôt qu'un spectacle ostentatoire, en accord avec l'atmosphère intime et raffinée qui caractérise l'ensemble du domaine.
Les canaux qui relient les différents bassins suivent un tracé géométrique rigoureux, soulignant les axes de composition du jardin. Leurs bordures en pierre calcaire, soigneusement appareillées, présentent des profils moulurés qui témoignent de l'attention portée aux détails même dans les éléments fonctionnels du jardin. Ces ouvrages hydrauliques, au-delà de leur dimension esthétique, jouent un rôle important dans la gestion de l'eau à l'échelle du domaine, participant à l'irrigation naturelle des espaces plantés.